Titularisation des stagiaires 2019-2020

Le SNUEP-FSU et la FSU Pays de la Loire écrivent au recteur et au directeur de l’INSPE

Monsieur le Recteur, Monsieur l’Administrateur provisoire,

La fermeture des écoles, des établissements et des universités (et donc les INSPÉ), la mise en place du confinement depuis la mi-mars, constituent une situation sans précédent. Ces mesures d’ordre public ont accentué la disparité des conditions de vie et de travail des enseignant-es, notamment stagiaires. Certain-es sont seul-es ou isolé-es tandis que d’autres sont en famille ou peuvent bénéficier de l’aide de leurs proches ; certain-es disposent d’un équipement informatique et d’un bon accès à Internet tandis que d’autres n’ont pas d’outils numériques ; certain-es encore travaillent en équipe avec leurs collègues tandis que d’autres sont seul-es pour assumer la complexe et difficile “continuité pédagogique”. Beaucoup ont des enfants à charge. Certain-es sont touché-es par la maladie dans leur environnement proche.

Concernant celles et ceux qui sont sous votre autorité, les syndicats de la FSU (SNUipp, SNES, SNEP, SNUEP, SNESUP) souhaitent vous alerter sur les points suivants :

  • Les stagiaires font part d’une surcharge importante de travail, liée notamment à la mise en place et au maintien de la “continuité pédagogique” avec leurs élèves ;
  • Beaucoup évoquent le stress croissant imputable aux incertitudes concernant le terme de l’année scolaire avec leurs élèves ;
  • Certain-es évoquent leur grande difficulté à trouver le temps, l’énergie et la sérénité nécessaires à la conduite de front de leurs études et de leur travail enseignant. Les stagiaires sont aussi confronté-es à de grandes difficultés pour suivre leur formation et pour réaliser les travaux exigés pour l’obtention de leur master (fermeture des BU et des CRD des sites de l’INSPE notamment) ; la réalisation des mémoires et leur soutenance soulèvent notamment des problèmes importants ;
  • Tou-tes témoignent de leur grande inquiétude quant à leur titularisation et leur affectation.

La FSU souhaite rappeler que dans les faits, la formation des stagiaires s’est arrêtée le 16 mars. Aussi, dans les conditions actuelles, n’est-il pas possible de maintenir l’ensemble des visites prévues initialement. Cette situation ne doit cependant pas pénaliser les stagiaires. C’est pourquoi aucun licenciement ne peut être prononcé, ni en première année de stage, ni lors de l’année de renouvellement. L’égalité de traitement entre eux doit être une priorité. Aussi, pour ce qui concerne leur titularisation, les syndicats éducation de la FSU s’opposent à toute forme d’évaluation à distance, dont les conséquences seront, on le sait, d’accentuer encore les inégalités. Ils refusent :

  • la tenue d’oraux en distanciel,
  • toute évaluation portant sur le travail spécifique concernant l’effort de “continuité pédagogique” à distance mise en œuvre par les fonctionnaires stagiaires dans le cadre du confinement.

En raison de la fermeture des écoles et établissements, les dernières visites des tuteurs/tutrices PEMF et INSPE sur les lieux de stage ne peuvent évidemment pas se dérouler. Pour qu’un “avis” puisse être rendu pour chacun-e des stagiaires, quatre solutions semblent actuellement envisagées par le ministère de l’Éducation Nationale :

  • maintenir le calendrier et la procédure tels qu’ils sont ;
  • maintenir le calendrier en allégeant la procédure de titularisation ;
  • prolonger la durée de stage pour toutes et tous les stagiaires ;
  • alléger et décaler la titularisation pour celles et ceux pour lesquel-les le jury n’aurait pas assez d’éléments (ce report ne pourra dépasser 4 mois).

Aucune de ces quatre mesures ne serait juste. Au-delà de leur caractère inégalitaire, que les stagiaires pourraient du reste invoquer dans des démarches de recours, elles appellent plusieurs remarques :

Malgré l’absence de dernière visite, les stagiaires ont montré par leur implication dans la “continuité pédagogique”, qu’ils et elles étaient des professionnels engagé-es, soucieux-ses de leurs élèves. Les stagiaires sont en situation de travail à distance depuis le 16 mars, ils et elles assurent la “continuité pédagogique“ et parfois des présences dans les écoles et établissements pour l’accueil des enfants des personnels soignants. À ce titre, ils et elles sont déjà, comme l’ensemble des collègues, fortement mobilisé-es. Cette période ne peut donc pas être regardée comme une interruption du stage, mais comme une période de forte sollicitation professionnelle dans un contexte de formation dégradée. Il ne peut en être tenu rigueur aux stagiaires, qui ne doivent être pénalisé-es en aucune manière, ni en termes de formation professionnelle, ni en termes de titularisation et de carrière ensuite.

Prendre en compte les seuls premiers rapports de visites et identifier, sur cette base, des stagiaires “en difficulté” pour lesquel-les la titularisation ne serait pas acquise serait injuste. Au regard de la priorité absolue que représente la protection de la santé des personnels et des bouleversements dans les conditions de travail, de la vie privée et sociale provoqués par le confinement, alors que personne n’est en mesure de prédire l’issue de la crise et encore moins de dresser des “plans de sortie”, il est urgent que le Rectorat de Nantes prenne position et rassure les stagiaires.

Dans cette situation exceptionnelle dont on commence seulement à mesurer les conséquences psycho-sociales, la FSU souhaite que les décisions prises par le Rectorat de l’académie de Nantes soient les plus protectrices et les plus générales possible afin d’éviter les risques liés à tout traitement “au cas par cas”. La FSU rappelle qu’elle demande à ce qu’aucun licenciement ne soit prononcé, et accompagnera les recours engagés contre des décisions abusives. Il faut par ailleurs prendre les plus grandes précautions avec les difficultés pointées dans les premiers rapports de visite des stagiaires, qui sont pour la plupart des difficultés inhérentes à l’entrée dans le métier, difficultés qui se règlent la plupart du temps et de manière manifeste habituellement dans la deuxième partie de l’année scolaire. L’appréciation portée en cette fin d’année scolaire doit en tenir compte et être la plus favorable possible aux stagiaires.

Dans le contexte inédit que nous connaissons, et afin de permettre à toutes et tous les stagiaires de démarrer leur carrière dans les meilleures conditions possibles en tenant compte de la situation exceptionnelle de leur année de formation, la FSU demande à ce que les stagiaires 2019-2020 bénéficient en T1 d’un complément de formation, assuré par l’INSPÉ, sur le temps de service, à hauteur du tiers de celui-ci, pouvant être porté à un mi-temps autant que de besoin, et que des dispositifs d’aide soient mis en place selon la spécificité de chaque degré (organisation par bassin ou département, en filé ou en massé…). Cela supposera d’abonder les moyens alloués à l’INSPE. C’est la seule façon juste et équitable de prendre en compte, sans pénaliser les stagiaires, le manque de formation que cette promotion a eu à subir.

Dans l’attente de votre réponse urgente, nous vous prions d’agréer, monsieur l’Administrateur provisoire, l’expression de nos salutations respectueuses et l’assurance de notre dévouement au service public d’éducation.

Le courrier est téléchargeable ici.