Commission FoPIA

Compte rendu de la séance du 10 juillet 2017

L’ordre du jour a été modifié quelques jours avant. Un point a été ajouté : « L’apprentissage à l’aube d’un nouveau quinquennat ».
Pour la commission, nous avons reçu un document. Quelle ne fût pas notre surprise en le consultant. Le document est une note de l’institut Montaigne intitulée : « Développer l’apprentissage : un enjeu pour la compétitivité, l’emploi et pour la justice sociale. ». Cette note est co-signée par Terra-Nova. L’institut Montaigne et Terra Nova sont deux thing tanks qui prônent le libéralisme. Un qui se veut de gauche (Terra Nova), le second sans idéologie politique, la société doit être gérée comme une entreprise. L’institut Montaigne a été fondé par M. Bébéar et son financement provient des entreprises du CAC40.
Mme Morançais qui dirige cette commission, nous a expliqué que ce document sera la feuille de route du gouvernement. Il a été présenté aux régions par le gouvernement lors d’une réunion dont le thème était la formation professionnelle.
Une des préconisations de l’institut Montaigne est le passage des lycées professionnels aux régions. Ce passage est motivé par une comparaison avec l’Allemagne et la Suisse, le taux d’insertion professionnel des apprentis, etc.
La comparaison avec l’Allemagne est faussée. En Allemagne, l’âge moyen de signature de contrat est supérieur à celui des apprentis français. Les jeunes allemand-es sont en établissement scolaire avant. L’orientation en Allemagne se fait beaucoup plus tôt qu’en France. La formation professionnelle en Allemagne est exclusivement assurée par les entreprises pour la majorité des formations. Les entreprises allemandes ont des formateurs (pas uniquement des tuteurs).
Lors de la commission, le représentant de la FSU a rappelé la situation de l’horlogerie suisse. Dans les années soixante-dix, l’horlogerie suisse a connu une grande crise avec la concurrence des montres japonaises à bas prix. Les entreprises ont arrêté de former des apprentis dans ce secteur. L’horlogerie suisse s’est transformée pour faire des montres de « luxe ». Ils ont dû faire appel à des ouvriers français qui avaient été formés dans les lycées professionnels, pour continuer à se développer. Quelque soit le pays, les apprentis sont les premiers à subir les plans de licenciement.
L’argument du taux d’insertion professionnelle supérieur pour les apprentis est incomplet. Toutes les études montrent que le taux d’insertion professionnelle six mois après le diplôme est supérieur pour les apprentis, mais le taux à un an est identique pour les scolaires et les apprentis. D’autres indicateurs existent mais ne sont jamais cités : taux de présence aux examens (supérieur de 10 % pour les scolaires), taux de réussite aux examens (supérieur de 10 % aussi pour les scolaires), promotion de carrière (supérieur pour les scolaires).
Un argument avancé dans ce document est le coût : les apprentis coûtent plus cher que les scolaires. Les entreprises ont, avec l’apprentissage, une main d’œuvre à très bas prix : salaire très « faible », exonération d’une part des cotisations sociales, primes en tout genre. Mais cela n’est pas suffisant, les entreprises veulent plus d’argent de l’Etat. Ceci est à l’opposé du modèle allemand. Le patronat n’est pas à une contradiction près.

Ce gouvernement ne nous surprend pas en utilisant les documents élaborés par l’Institut Montaigne, certains ministres étaient soit membres de cet institut, soit collaborateurs. M. Blanquer, ministre de l’Education Nationale, était un proche de l’institut. M. Macron qui se dit ni de droite ni de gauche, a tendance à pencher franchement d’un côté.

Serge BERTRAND
Représentant FSU