CHSCTA du 6 mai 2020

Déclaration liminaire FSU

Emmanuel Macron, en annonçant le 13 avril la réouverture des écoles le 11 mai, au même moment que le début du déconfinement, en usant d’une technique managériale, a agi comme un chef d’entreprise qui, voulant mettre son personnel sous pression, fixe une date unilatéralement en pensant que cela va obliger les salarié.e.s à trouver les moyens de remplir cet objectif. Le ministre de l’éducation, en annonçant, dès le 21 avril, un calendrier de la reprise, avant toute ébauche de mesures sanitaires la permettant, n’a pas agi autrement. Seulement, en matière d’Éducation, en période de Pandémie, ce que nous avons à faire n’est pas l’équivalent de la construction de Business Plan. Il a fallu attendre le 3 mai ( 20 jours !) pour connaître la version officielle du protocole de reprise de l’école. 20 jours pendant lesquels l’angoisse n’a cessé de monter parmi les personnels de l’Éducation Nationale.

Le 7 mai, les écoles sont censées informer les familles des modalités de la reprise. Le 12 mai les écoles sont censées accueillir les premiers élèves dans les classes, après une journée de « pré-rentrée » pour les personnels. Alors même que le protocole proposé est, par bien des aspects, inapplicable. Alors même que les personnels n’auront pas eu la possibilité (en raison du confinement) de se réunir avant dans les écoles. Alors même que ces mêmes personnels, depuis le 16 mars, n’ont cessé de travailler intensément, sans cadre précis de leur employeur, pour assurer la « continuité pédagogique » et maintenir des liens les plus étroits possibles avec le plus d’élèves possible. Les personnels se trouvent aujourd’hui dans une situation insoutenable d’injonctions paradoxales, conscient.e.s de leurs obligations, soucieu.se.s d’assurer leurs missions de service public, mais contraint.e.s par des injonctions impossibles à suivre et stressés par l’idée de mettre la santé de leurs élèves, des parents d’élèves, la leur et celle de leurs collègues en danger.

Nous craignons une augmentation des RPS due à cette situation. Ce calendrier est inacceptable. Ce cadre et cette manière de procéder sont inacceptables. La nouvelle circulaire concernant la réouverture, les modalités et objectifs qu’elle fixe sont inacceptables, et inapplicables. Les personnels du 1er degré ne peuvent pas préparer la reprise en un jour. Nous sommes plus que tout autre attaché.e.s aux missions de l’école et préoccupé.e.s par la situation des élèves décrocheurs. Mais pour la FSU la nécessaire ouverture des écoles et établissements scolaires ne doit pas se faire au prix de la santé des personnels, des élèves et des familles. Cette réouverture doit se faire si et seulement si les conditions sont réunies pour ne pas en faire de nouveaux foyers épidémiques qui impacteraient toute la société alors que le déconfinement général est un moment crucial.

Ce que nous dénonçons, aujourd’hui, c’est cette reprise à marche forcée. Alors que personne n’est capable d’évaluer sérieusement les risques liés au coronavirus dans un établissement scolaire, le MEN n’est donc pas capable de mettre en place un plan de prévention adapté et efficace. De ce fait, en s’accrochant à cette reprise prématurée et précipitée, le Ministre de l’Éducation Nationale met les personnels, et les usagers, en danger. Aucun pays en Europe ne traite le processus de déconfinement de l’école avec autant de légèreté. Nous demandons, avec l’ensemble des syndicats de l’éducation nationale,  le report de la réouverture des écoles et établissements et l’ouverture de vraies discussions avec les représentant.e.s des personnels et des parents, pour définir des modalités de la continuité du service public d’éducation qui garantissent la sécurité sanitaire de toutes et tous.