AED en préprofessionnalisation

Depuis la rentrée 2019, le dispositif des assistants d’éducation (AED) en préprofessionnalisation a été largement mis en valeur par Jean-Michel Blanquer, qui, disait-il à l’Assemblée Nationale, aurait bien voulu être recruté ainsi s’il avait encore été étudiant.
Pour le SNUEP-FSU, cela ne réglera pas la crise de recrutement, ni n’offrira une préparation optimale au métier d’enseignant. Les interventions du SNUEP et des autres syndicats de la FSU ont permis de faire évoluer la mesure sur différents points, mais l’essentiel demeure : pour le ministère, un étudiant ne se prépare pas à temps plein aux métiers de l’enseignement, puisqu’en contrepartie du salaire, il doit passer 8 heures en établissement, auxquelles s’ajoutent le temps de transport pour s’y rendre, les heures de préparation (de plus en plus importantes de la L2 au M1), et le temps passé avec le tuteur. La mise en responsabilité devant les élèves est toujours conçue comme une « entrée progressive dans le métier », une « formation pratique », aux dépens de la formation académique. Drôle de manière d’améliorer la formation des futurs enseignants et CPE !

Les textes de références

- Décret n° 2019-981 du 24 septembre 2019 portant création des contrats de préprofessionnalisation au bénéfice des assistants d’éducation
- Arrêté du 24 septembre 2019 modifiant l’arrêté du 6 juin 2003 fixant le montant de la rémunération des assistants d’éducation
- circulaire n° 2019-156 du 6-11-2019

Contrat

La circulaire 2019-156 propose un modèle de contrat spécifique d’Assistant d’éducation. Celui-ci est conclu entre l’AED et le chef d’établissement après autorisation du CA et accord du Rectorat, qui met en place un vivier de personnels. Le contrat est signé pour trois ans, sous réserve de posséder en début d’année les ECTS attendus à l’entrée de L2, L3 et M1 MEEF. Une quatrième année dérogatoire peut être conclue par avenant si l’étudiant ne valide pas le nombre d’ECTS nécessaire, « sur accord explicite du chef d’établissement ». L’AED prépro reste dans le même établissement durant les trois années du contrat, « sauf circonstances exceptionnelles ».

Profil

Ce contrat s’adresse aux étudiants qui, à la rentrée 2019, rentrent en deuxième année de licence après avoir validé leur première année (60 ECTS), et sont « intéressés par les métiers de l’enseignement ». Les étudiants boursiers sont « particulièrement » ciblés, mais le critère n’est pas exclusif. Il n’y a pas de nouveau recrutement en L3 et en M1. Les textes ne réservent pas le dispositif à certaines disciplines, mais dans les faits, la première campagne de recrutement pour la rentrée 2020 l’a limité aux  disciplines les plus déficitaires, où le nombre de candidat-e-s est insuffisant au regard du nombre de postes proposés au CAPES (Lettres, Maths, Anglais et Allemand. Dans la plupart des académies, le recrutement n’est même ouvert que dans deux disciplines, voir une seule.

Missions

Les missions des AED-Prépro sont uniquement centrées autour de pratiques pédagogiques : ils ne sont pas surveillants ! Par dérogation au statut des AED (décret 2003-484 du 6 juin 2003), ils n’ont en effet aucune mission d’encadrement et de surveillance des élèves. Leurs missions évoluent avec leur qualification, et sont explicitement définies par les textes.

Année Universitaire Activité pédagogique second degré
L2 – Observation dans le second degré ;
- Interventions ponctuelles sur des séquences pédagogiques, sous la responsabilité du professeur ;
- Participation à l’aide aux devoirs et aux leçons, notamment dans le cadre du dispositif « devoirs faits ».
L3 – Activités mentionnées au titre de l’année précédente à l’exception de l’observation dans le second degré ;
- Participation à l’accompagnement personnalisé (volet soutien de la capacité de l’élève à apprendre et à progresser) au collège et au lycée, EPI au collège et intervention dans les parcours éducatifs.
M1 – Activités mentionnées au titre de l’année précédente ;
- Enseignement de séquences pédagogiques complètes (notamment, remplacement d’enseignants compatible avec la continuité pédagogique des enseignements, en donnant priorité à des remplacements prévus à l’avance, et compatibles avec la mention de licence obtenue par l’étudiant).

Temps de service

En L2 et L3, le service est de 8 heures de présence hebdomadaire pendant 39 semaines, soit 312 heures. Ces 312 heures ne peuvent pas être annualisées dans le second degré. En M1, compte-tenu de l’élargissement des missions, le service d’enseignement est limité à 6 heures hebdomadaires sur 36 semaines. Les heures restantes « peuvent être notamment consacrées à la préparation des interventions devant les élèves, à l’analyse réflexive, notamment en lien avec le tuteur en établissement ou en école, à la participation aux réunions des comités et instances propres aux établissements et écoles et à la participation aux réunions organisées périodiquement par le rectorat pour tous les bénéficiaires de contrat de préprofessionnalisation relevant d’une même promotion ».

Rémunération

Elle est fondée sur la rémunération des heures en établissement, et d’un « crédit d’heures » de formation qui augmente avec la qualification, ce qui explique l’évolution de la rémunération, avec le passage de l’indice, entre la L2 et la L3, de 325 à 367.

Année Universitaire Rémunération nette
L2 690 €
L3 960 €
M1 975 €

Tuteur et référent

L’AED prépro doit être accompagné dans son collège ou son lycée. Son tuteur doit être un professeur expérimenté, qui le « guide » pour les activités pédagogiques, et intervient « dans la planification, l’organisation de l’activité, le développement des apprentissages et pour toute question relative au bon déroulement des heures de présence réalisées en établissement ou en école ». Le « référent » est nommé, lui, par l’université et l’INSPE ; il est « est chargé de suivre le bon déroulement des parcours et, en particulier, la bonne articulation entre la formation universitaire et les temps de présence en établissement et en école ».

Soyons vigilants sur le temps de service

Le statut des AED recrutés pour des missions de surveillance permet l’annualisation. Les AED prépro échappent en principe à ce danger, puisque les textes définissent explicitement le temps de service de manière hebdomadaire et n’ouvrent de possibilité d’aménagement que pour les AED prépro recrutés dans écoles. Reste le problème des 39 semaines :
- en L2 et L3, il ne doit pas être question d’étendre les missions des AED prépro par exemple à des tâches administratives pendant les trois semaines prises sur les vacances scolaires ;
- en M1, les AED prépro ne « doivent » pas 92 heures, en plus des 216 heures d’enseignement : ces heures sont consacrées à la préparation des séances !

Soyons vigilants sur les missions

Le SNUEP et les autres syndicats de la FSU se sont battus pour que les AED prépro ne soient pas considérés, en M1, comme des moyens d’enseignement. Malgré les assurances données pendant les concertations, les textes restent ambigüs. Il ne serait pas acceptable :
- qu’un AED prépro ait une classe en responsabilité toute l’année, à la manière d’un TZR ;
- qu’un AED prépro soit contraint de faire des remplacements au pied-levé, sans préparation avec son tuteur, et plus encore hors de sa discipline.
A une question posée par la sénatrice Laurence Cohen, le Ministère répondait le 17 octobre 2019 que « l’objectif de ce dispositif social n’est donc pas de remplacer des professeurs absents ». A bon entendeur, salut !

Soyons vigilants sur les emplois du temps et la priorité donnée aux études

Les AED recrutés en prépro l’ont été en lien avec les universités, qui doivent « garantir une bonne articulation entre leur travail et leur emploi du temps universitaire ». Après la rentrée, celui-ci est donc prioritaire ! Cela limite forcément ce qu’un chef d’établissement peut exiger de l’AED prépro, par exemple en matière de remplacement.
« La réussite des étudiants demeure essentielle », précise aussi la circulaire ministérielle : pas question d’étaler le temps de présence sur un nombre exagéré de demi-journées, ou de refuser des autorisations d’absence pour examen ou concours. La circulaire de 2019 fait bien mention des autorisations d’absence, mais précise que « pour mémoire, ces autorisations d’absence sont compensées ». C’est en contradiction avec la circulaire n° 2008-108 du 21 août 2008, concernant tous les AED, qui prévoit en particulier que « des autorisations d’absence, sans récupération, nécessaires pour présenter les épreuves des examens et concours auxquels ils sont régulièrement inscrits. Ces autorisations d’absence couvrent au moins la durée de la session augmentée de deux jours de préparation. » Pour le SNUEP-FSU, les absences pour examen et concours ne doivent pas être rattrapées.